Information du : 14/03/2025
Cycle répertoire Duos et duels
Notre dernier cycle répertoire de la saison 2025/2026 est consacré à figure du double. Un réalisateur, un acteur : un film et un spectateur ; une image et son impression sur la pellicule…. Le cinéma est affaire de reflet, de miroir et il n’est pas étonnant qu’un thème central, quelques soient les genres ou les pays, est la question du double. Ce cycle vous propose quatre films miroirs, trois tournant autour de la question de l’antagonisme entre deux personnages qui sont comme les faces d’une même pièce et un quatrième qui prend le contre-pied de cette image en explorant l’empathie qui peut naître de deux personnes que pourtant tout oppose.
QU'EST-IL ARRIVÉ A BABY JANE ?
Un film de Robert Aldrich
Etats-Unis - 1962 - 2h14
avec Bette Davis et Joan Crawford
Jalousie, frustration, sadisme… autant de sentiments qu’Aldrich aime explorer et qu’il porte à incandescence dans ce film extrême à la démesure revendiquée. Le jeu outrancier de Bette Davis est à l’unisson de cette farandole apocalyptique, d’autant que sa carrière alors au point mort (la légende raconte sa petite annonce « Ex-star encore bonne à quelque chose accepterait grand rôle » ) fait fatalement écho à son personnage. Pour lui faire face Aldrich fait appel à Joan Crawford, qu’il avait déjà dirigée dans Feuilles d’Automne.
Le scénario de Lukas Heller (qui signera un grand nombre de films pour Aldrich dont
Chut, Chut, chère Charlotte, film miroir de Baby Jane tiré du même
écrivain Henry Farrell) est du sur-mesure pour Aldrich qui peut porter à leur quintessence des leitmotivs qui lui sont chers : conflit jusqu’au-boutiste de deux protagonistes, cloîtrés dans des intérieurs claustrophobiques (Attaque !) ; peinture acerbe du monde du cinéma et description des artifices de la popularité et de ses conséquences destructrices sur des êtres broyés par un système inhumain (Le Grand couteau) ; lutte impitoyable pour la survie, qui se fait ici lutte contre la vieillesse et l’oubli… Mais ici, Aldrich pousse ces thèmes jusqu’à l’excès, réalisant un véritable film d’horreur, traumatisant et grandiose, seulement modéré par une véritable compassion pour ses personnages et un récit ambivalent et anti-manichéen.
Le noir et blanc très contrasté d’Ernest Haller (Autant en emporte le vent, La Fureur de vivre…), les ombres inquiétantes, l’intelligence d’une mise en scène utilisant avec maestria les possibilités d’un lieu clos (on connaît le génie d’Aldrich pour filmer les intérieurs) participent à nous plonger dans cette atmosphère de folie et de tristesse qui rend ce film unique et bouleversant. On peut mesurer le choc ressenti à sa sortie en réalisant à quel point le film reste aussi actuel, aussi dérangeant, plus de soixante ans après sa réalisation. Baby Jane fut un succès commercial considérable, relançant la carrière d’Aldrich après une période peu enthousiasmante, mais ouvre une ère d’invectives des critiques qui se poursuivront avec véhémence, certainement confortées par le succès public du cinéaste.
LE LIMIER
Un film de Joseph Leo Mankiewicz
Angleterre - 1972 - 2h18
avec Laurence Olivier et Michael Caine
"Fin de carrière en apothéose pour Joseph L. Mankiewicz, qui signe avec Le Limier un ultime chef-d’œuvre composant un condensé idéal de son œuvre. Après la déconvenue de son Cléopâtre (1963), les derniers films du réalisateur avaient témoigné d’un cynisme et d’un désabusement croissant dans l’expression de ses thèmes de prédilection (les faux-semblants, l’ambition) avec la comédie Guêpier pour trois abeilles (1967) et le western Le Reptile (1970). La pièce d’Anthony Shaffer (qui signe également le scénario et façonne une trilogie manipulatrice avec The Wicker Man et le Frenzy de Hitchcock), par son concept et sa dimension d’exercice de style, s‘avérait donc un écrin idéal pour illustrer la vision amère qu’avait Mankiewicz de ses semblables, certes présente dans toute sa filmographie mais tempérée jusque-là par un certain romantisme (L’Aventure de Mme Muir), un optimisme pas encore éteint (On murmure dans la ville) et un sens de la tragédie puissant (La Comtesse aux pieds nus). Cette fois, l’intrigue, le cadre en huis clos et le duel entre deux uniques protagonistes apportent une épure, une noirceur mais aussi une virtuosité bien plus frontale.
Mankiewicz assume pleinement l’origine théâtrale de son matériau originel, le générique même (sur le score sautillant de John Addison, dont le mystère et l'ironie sont bien dans l'esprit Cluedo du film) constituant le cadre du film comme une scène. Il confère cependant à l’ensemble une force toute cinématographique. Le décor incroyable (fabuleuse création de Ken Adam) de la maison constitue le vrai troisième protagoniste du film. Les différents éléments (automates, marionnettes) qui le constituent semblent s’animer ou s’éteindre au gré des soubresauts de l’intrigue, prendre faveur pour l’un ou l’autre des adversaires à travers des inserts prêtant à interprétation notamment sur le marin rieur Jolly Jack. Seuls à l’écran pendant plus de deux heures haletantes, Michael Caine et Laurence Olivier offrent des performances de haute volée. Mankiewicz en tirera la fierté d’avoir signé le seul film dont la distribution entière fut nommée aux Oscars. Il termine en tout cas sur un sacré coup d’éclat et l'on ne peut que regretter que cela soit son dernier film alors qu’il ne disparaîtra que près de vingt ans plus tard, en 1993."
DVD Classik
DERSOU OUZALA
Un film d’Akira Kurosawa
Japon, U.R.S.S. - 1975 - 2h22
avec Yuri Solomin et Aleksandr Pyatkov
"Voici le film par lequel Kurosawa est revenu à la vie après le retentissant échec public et critique que fut, en 1970, Dodes’kaden, pourtant l’un des plus beaux passages à la couleur que l’histoire du cinéma ait connus. Le cinéaste traverse alors une période difficile qui commence par la dissolution de sa propre société de production, le Club des Quatre Chevaliers, fondée en 1963 avec des amis. Financièrement affaibli, ne pouvant s’appuyer comme il le faisait auparavant sur un système des studios désormais frileux à son égard et déstabilisé depuis le début des années soixante par l’arrivée de la Nouvelle Vague, Kurosawa, après une tentative de suicide, s’éloigne de la vie publique. En 1973, les studios soviétiques Mosfilm le sollicitent pour une commande. L’empereur isolé pense alors à un projet qu’il avait depuis longtemps à cœur, une histoire d’amitié belle et tenace entre deux hommes.
(...) Les deux termes « Dersou Ouzala » ne signifient rien mais désignent le plus touchant des hommes, un autochtone sibérien, chasseur de la taïga, que l’explorateur Arseniev, chargé en 1902 d’effectuer des relevés topographiques dans la région de l’Oussiri, va rencontrer au cours d’une expédition. Kurosawa, depuis toujours imprégné de la culture russe (il a déjà adapté L’Idiot de Dostoïevski et Les Bas-Fonds de Gorky), bâtit son récit sur le respect et l’admiration qui lient deux hommes si différents. Or, l’amitié dans ce film, c’est d’abord deux noms qui s’aiment et se répondent. Dès le début, un homme parvient à retrouver la tombe d’un autre, juste pour prononcer doucement son nom : Dersou.
Scène mille fois vue au cinéma. Pourquoi une telle répétition n’a-t-elle pas terni la force de ces images ? C’est que, par définition, l’évocation par le nom, parce qu’elle relance le souvenir, ne peut s’épuiser. Comme tous les noms de disparu, Dersou est à lui seul une mémoire, comme le suggère une structure en flash-back qui nous fait cheminer auprès de ces deux hommes plus de deux heures durant, deux heures qui valent des années d’estime mutuelle. Les chants de l’équipe, lorsque les deux hommes se quittent ou se retrouvent, ont valeur de chœur et commentent une action qui n’est faite que d’émotions. L’amitié est affaire de noms, de chant, de parole, c’est-à-dire de poésie. À l’autre bout du film, le même homme, la même tombe, tout juste recouverte de terre, et le même murmure, « Dersou ». Le récit, ainsi clôturé sur lui-même, suggère que quelque chose d’autre commence et que l’image aura toujours bien du mal à montrer, le sentiment tel qu’il gît au fond d’un être qui a mal ; non la douleur, non la blessure, mais la tristesse. Les spectateurs ont bien eu droit au récit mais non à ce que veut dire pour un être que de perdre un ami. Entre-temps néanmoins, ils auront été les témoins de la vie même, c’est-à-dire du fait que Dersou puisse crier « Arseniev » au moment où celui-ci le quitte pour poursuivre sa route." Critikat
HITCHER
Un film de Robert Harmon
Etats-Unis - 1987 - 1h37
avec Rutger Hauer, C. Thomas Howell et Jennifer Jason Leigh
Sur un scénario implacable du talentueux Eric Red (Blue Steel, Cohen and Tate, Near Dark) - variation sur le Duel de Spielberg et qui présente de nombreux points communs avec l’intéressant Les Passagers de Serge Leroy - Robert Harmon réalise un chef d’œuvre de tension viscérale. Rutger Hauer est John Ryder, un tueur tout droit sorti de l’enfer, pure incarnation du mal qui traque sans répit un jeune adolescent, Jim Halsey (C. Thomas Howell), décimant sur son passage témoins et forces de l’ordre. La puissance brute du film tient d’abord dans le charisme incroyable de l’acteur fétiche de Verhoeven. Sa seule présence nous tétanise, sa silhouette et sa manière de se mouvoir suffisent à dégager une aura toute maléfique. Personnage quasi doté d’ubiquité, invulnérable, et d’une intelligence toute démoniaque, John Ryder rentre directement au panthéon des bad-motherfuckers.
Si l’intrigue laisse le champ libre à des séquences d’anthologie hallucinantes, des scènes d’action parmi les plus échevelées de 80’s, Hitcher vaut avant tout pour le duel psychologique entre Ryder et sa proie. Que cherche t- il réellement ? En décidant - à contrario du film de Spielberg - de donner un corps et un visage au mal, Harmon et Eric Red parviennent cependant à conserver tout le mystère qui entoure cette figure destructrice et à rendre perméable la frontière entre le thriller et le film fantastique. Pour son premier long métrage (après un court, China Lake, qui prend également pour cadre le désert et qui semble thématiquement très proche d’Hitcher) Harmon fait preuve d’une maturité incroyable. Enchaînant avec fluidité les scènes de tension psychologique et les morceaux de bravoure, instillant des moments de répit au milieu d’un ouragan de violence, il laisse le spectateur pantois et déconcerté, incapable de deviner le coup suivant dans cette partie d’échec impitoyable. Avec l’aide de son directeur de la photo, le brillant John Seale (Witness, Mosquito Coast, Lorenzo’s Oil), Harmon, chef opérateur de formation, parvient à donner au désert une présence envoûtante et angoissante, qui participe pleinement à la réussite totale de ce fleuron du genre.
SAISON RÉPERTOIRE 2024/2025
CYCLE DUOS ET DUELS
De début mai à fin août dans 25 salles du réseau Cinéphare
- Le Grand Bleu, Carhaix
05/04
Le Jeanne d'Arc, Gourin
sem du 30/04
Le Quai des images, Loudéac
01/05
Le Dauphin, Plougonvelin
05/05
Le Kerfany, Moëlan sur Mer
06/05
Le Ciné Roch, Guéméné S/ Scorff
15/05
Le Vauban II, St Malo
15/05
La Rivière, Etel
26/05
L’Image, Plougastel Daoulas
07/06
La Locomotive, Arzon
à dater
Le Petit bal perdu, Belle île en mer
à dater
L’Argoat, Callac
à dater
Arthus Ciné, Huelgoat
à dater
Le Cinéma des familles, Groix
à dater
La Salamandre, Morlaix
à dater
Le Douron, Plestin les Grèves
à dater
L'Iris, Questembert
à dater
Le Cinémanivel, Redon
à dater
Le Club 6, St Brieuc
à dater
- Le Quai des images, Loudéac
08/05
L’Etoile, Carantec
14/05
Le Grand Bleu, Carhaix
17/05
Le Jeanne d'Arc, Gourin
sem du 21/05
Le Dauphin, Plougonvelin
03/06
Le Kerfany, Moëlan sur Mer
10/06
Le Vauban II, St Malo
11/06
La Rivière, Etel
16/06
Le Ciné Roch, Guéméné S/ Scorff
19/06
L’Image, Plougastel Daoulas
28/06
La Locomotive, Arzon
à dater
Le Petit bal perdu, Belle île en mer
à dater
L’Argoat, Callac
à dater
Arthus Ciné, Huelgoat
à dater
La Salamandre, Morlaix
à dater
Le Douron, Plestin les Grèves
à dater
L'Iris, Questembert
à dater
La Bobine, Quimperlé
à dater
Le Cinémanivel, Redon
à dater
Le Club 6, St Brieuc
à dater
- Le Quai des images, Loudéac
15/05
Le Jeanne d'Arc, Gourin
sem du 04/06
Le Grand Bleu, Carhaix
07/06
L’Etoile, Carantec
11/06
Le Dauphin, Plougonvelin
01/07
La Rivière, Etel
03/07
Le Kerfany, Moëlan sur Mer
08/07
Le Vauban II, St Malo
08/07
Le Ciné Roch, Guéméné S/ Scorff
17/07
La Locomotive, Arzon
à dater
Le Petit bal perdu, Belle île en mer
à dater
L’Argoat, Callac
à dater
Le Cinéma des familles, Groix
à dater
Arthus Ciné, Huelgoat
à dater
La Salamandre, Morlaix
à dater
Le Douron, Plestin les Grèves
à dater
L'Iris, Questembert
à dater
La Bobine, Quimperlé
à dater
Le Cinémanivel, Redon
à dater
L’Hermine, Sarzeau
à dater
Le Club 6, St Brieuc
à dater
- Le Quai des images, Loudéac
22/05
Le Jeanne d'Arc, Gourin
sem du 26/06
Le Grand Bleu, Carhaix
05/07
Le Dauphin, Plougonvelin
05/08
Le Kerfany, Moëlan sur Mer
12/08
Le Vauban II, St Malo
13/08
Le Ciné Roch, Guéméné S/ Scorff
21/08
La Rivière, Etel
25/08
La Locomotive, Arzon
à dater
Le Petit bal perdu, Belle île en mer
à dater
L’Argoat, Callac
à dater
Le Cinéma des familles, Groix
à dater
Arthus Ciné, Huelgoat
à dater
La Salamandre, Morlaix
à dater
Le Douron, Plestin les Grèves
à dater
L'Iris, Questembert
à dater
Le Cinémanivel, Redon
à dater
L’Hermine, Sarzeau
à dater